3) Quel est le comportement naturel de la poule et du poussin ?

      Le comportement de la poule est peu étudié, voire méprisé. Pourtant la hiérarchie au sein du poulailler est très organisée et l’instinct maternel est exemplaire. Si la poule vit dans de mauvaises conditions, elle pourra subir de graves troubles du comportement.

a. La vie au sein du poulailler

     La poule est un animal trop souvent considéré comme stupide. Pourtant, elle sait exactement tout ce qu’il faut savoir pour vivre une parfaite vie de poule : faire un nid, élever ses petits, choisir sa nourriture, nettoyer ses plumes et se débarrasser des parasites en se roulant dans la poussière, boire de préférence dans une eau claire...

Poules en hiver (Vinciane)
Poules en hiver (Vinciane)

     Contrairement à ce que l’on pense, les poules communiquent. Elles utilisent près de 30 caquètements différents pour exprimer leurs émotions (satisfaction, peur, ponte, rappel des poussins …) Les poules et les coqs s’expriment également à travers des postures variées, comme celle de l’intimidation lorsque le gallinacé gonfle le torse.

Coq surveillant la basse-cour (Vinciane)
Coq surveillant la basse-cour (Vinciane)

     Dans une basse-cour, le coq possède le rôle de protecteur et de père. Il prend soin des mères, des poussins et veillent à la bonne entente de sa tribu. Il tente de raisonner toutes ses poules. En règle générale, les coqs sont plutôt galants. Ils attendent que les poules aient terminé leur repas pour passer à table.

     Le matin, le coq chante : les poules peuvent descendre de leur perchoir et se dégourdir les pattes. Elles sont très actives le matin. Elles se lèvent et se couchent avec le soleil.

     Les poules adorent pondre et couver dans des lieux abrités, mais parfois très inattendus : sous un bosquet, derrière une planche à l’écart…

Les poules aiment beaucoup partir à l’aventure, elles sont toujours prêtes à gratter pour dénicher vers et insectes. Par contre, elles détestent l’eau. Pour se nettoyer, elles adorent se rouler dans la terre ou dans le sable afin de se débarrasser des parasites. Elles créent ainsi les fameux « nids-de-poules», nom donné aux déformations redoutées des routes de campagnes.

     Lorsque la nuit tombe, les poules rentrent au poulailler. Elles se perchent, trouvent leur place habituelle et glissent la tête sous leur aile pour s’endormir tranquillement. Elles peuvent tenir perchées grâce à leurs pattes qui verrouillent leur prise et assurent leur stabilité pour la nuit.

Vie diurne et nocturne au poulailler (Vinciane)

     Il se forme au sein d’un poulailler une véritable vie sociale :

La poule est un animal grégaire : il existe une hiérarchie au sein d’un groupe de poules, qui s’effectue en fonction de facteurs, comme : l’ancienneté, la grandeur de la crête, l’aspect physique, la taille…

En tête, il y a le coq, puis les poules-mères. Ceux-là nicheront ensemble pour la nuit, le plus haut possible.  Juste à l’étage en dessous, on trouve les poules plus jeunes. Elles monteront au fur et à mesure de leur avancée en âge, jusqu’à devenir les égales des vieilles épouses respectées. Il est à noter que lorsqu’une poule âgée ne se reproduit plus, elle n’est pas rejetée pour autant par le coq. C’est au contraire à côté de cette vieille compagne qu’il nichera la nuit.

La domination entre les poules s’effectue par des coups de bec. Les poules dominantes obtiennent également un accès prioritaire à la meilleure nourriture.

Il existe régulièrement des conflits entre le coq dominant et les jeunes coqs qui veulent prendre sa place.

Mais quand tous les individus connaissent leur place au sein du groupe, cela réduit considérablement les stress, les tensions et les combats dans le poulailler.

    En septembre 1999, l'équipe du Professeur René Zayan a prouvé que les poules pouvaient se reconnaître.

Afin d'étudier la faculté des poules à se forger une image mentale, les scientifiques réalisent une expérience avec deux poules nommées A et B

A est la poule cobaye. Elle connait la poule B.

B est prise en photo sous différents angles (images 1 à 4). Ses photographies sont mélangées à celles de poules inconnues.

Les scientifiques placent la poule A dans une boîte de conditionnement (5) . Une fenêtre (6) permet de voir l'écran où défilent les diapositives. La fenêtre sert également de clé de réponse : les coups de bec sur la vitre sont enregistrés. Un entonnoir délivre des graines à chaque fois que l'oiseau A reconnaît la poule B.

Ils ont ensuite réalisés l'expérience plusieurs fois, avec des poules différentes.

Résultat : les poules cobayes se sont montrées capables de reconnaître la poule connue, même à la vue de ses seules pattes.

(Sciences et Vie)


b. La poule et son poussin

     Après avoir atteint la maturité sexuelle et après s’être accouplée plusieurs fois avec un coq, la poule commence à pondre des œufs fertiles. Si la poule veut couver, elle restera sur ses œufs et conservera une température environnant les 37.7°C. Lorsque la poule couve, elle ne fait aucune différence entre ses œufs et ceux qui ont été pondus par une autre poule. La poule commence à communiquer avec ses poussins deux jours avant leur naissance, lorsque ceux-ci crèvent la poche d’air qui les isole de l’œuf. On peut percevoir leur pépiement, comme le prouve la vidéo ci-dessous, filmée chez Vinciane.

     Le poussin sait déjà tout faire à la naissance, et même avant, puisqu’il perce sa coquille et sort de son œuf tout seul. A l’état naturel, la poule patiente une journée avec ses petits sans bouger. Ces derniers se nourrissent des restes de coquilles avant de sortir à l’aventure. A peine sur ses pattes, le duvet encore mouillé, le poussin cherche à picorer sans que personne ne lui ait enseigné. Seulement quelques heures plus tard, s’il peut trouver de la nourriture et de l’eau à proximité, le poussin réussit tout seul à s’en procurer. Pour arriver jusqu’à ce point, il ne lui a fallu que de la chaleur, et un degré correct d’hygrométrie. C’est le seul élément dont a absolument besoin le poussin et qu’il ne peut pas se fournir lui-même, jusqu’à ce qu’il ait de véritables plumes. Si l’on place une source de chaleur (lampe, résistance électrique) le poussin retournera se chauffer en se plaçant exactement à la bonne distance pour obtenir une température adéquate.

Mamans-poules avec leurs poussins (Vinciane)

     Le terme « maman-poule » n’est pas un leurre, au moindre bruit suspect, la mère alerte ses petits et ces derniers viennent se cacher derrière elle. La poule, même apprivoisée, peut se montrer très agressive contre ceux qui oseraient s’approcher trop près de ses petits. Elle regarde toujours autour d’elle pour surveiller ses poussins et pour s’assurer qu’ils sont bien tous là. La poule glousse pour rassembler sa couvée, lorsqu’elle a trouvé des vers et des graines, ce qui constitue un festin pour ses petits. La couvée suit toujours avec beaucoup de docilité et d’obéissance.

(Vinciane)
(Vinciane)

     A l’état naturel, le poussin suit sa mère. Les travaux de Konrad Lorenz, dans "Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les poissons" montrent que le poussin suit le premier être ou objet mouvant qu’il voit en sortant de l’œuf. Lorsque les poussins grandissent, ils commencent à mettre en place une hiérarchie entre eux, qui correspond à celle du poulailler.

Le poussin a cette particularité d’être indépendant très tôt.

 

 


c) Perturbations du comportement

  • Dans un poulailler domestique :

Lorsque des facteurs de stress sont présents, la poule n’adopte pas un comportement naturel.

Les poules apprécient une routine sereine, reposante et immuable, avec une alimentation fournie à heures fixes par la même personne.

Les volailles soumises à un stress sont plus sujettes à la maladie et à une chute de ponte. Les signes de stress sont : des diarrhées, une respiration pénible et irrégulière ou une modification du rythme normal d’activités.

Couveuse présentée  à la Foire Exposition de Tours (Vinciane)
Couveuse présentée à la Foire Exposition de Tours (Vinciane)

- Si les poules ont peu de place ou si elles sont en surnombre, elles peuvent attaquer leurs congénères. Attention, la poule doit également posséder suffisamment d’eau et de nourriture. En cas de faim ou de soif aggravée, la poule peut devenir cannibale.

- Si une poule est piquée et que cela entraîne l’apparition de sang, cela excite les autres congénères qui se montreront très agressives et peuvent aller jusqu'à tuer la poule blessée qui au départ n'avait qu'une petite plaie ouverte.

- Si le nombre de coqs est trop élevé, les poules sont en permanence pourchassées par les mâles... et elles n'en peuvent plus !

La poule a beau vivre sereinement dans son poulailler, il existe néanmoins des prédateurs, le plus redoutable étant le renard.

(La belle histoire de la poule et de l'oeuf)
(La belle histoire de la poule et de l'oeuf)
  • Dans un élevage industriel :

Le comportement de la poule est véritablement perturbé. Les poules vont jusqu'à développer de très fortes anomalies du comportement : "mouvements stéréotypés prolongés, agressivité (voire cannibalisme) envers leurs congénères. Leurs os sont très fragiles à cause du manque de lumière et du manque d'exercice " selon Éthique&Animaux. D'après plusieurs sources, la lumière bleue utilisée dans certains élevages accentue le mal-être de la poule.


     La poule domestique possède un comportement que bien des hommes pourraient lui envier : elle est sociable, respectueuse, tolérante, maternelle... Par contre si l'homme l’exploite, elle exprime comme elle peut son mal-être.